19 Avril : Saint Leon IX, pape (1002-1054)
Descendant de Charlemagne, parent de Hugues Capet, de Conrad le Salique et des comtes de Dagsburg, l'alsacien Brunon, avant de ceindre la tiare, fut religieux, chanoine de Toul, grand prévôt de Saint Dié, évêque de Toul. Son cousin, l'empereur Henri III, le fit élire, de sa pleine autorité, à Worms, et proclamer malgré lui sous le nom de Léon IX (1048). Brunon partit alors pour Rome en pèlerin, et ne s'intronisa que lorsque le peuple et le clergé de la ville papale eurent canoniquement renouvelé son élection.
Il réunit des conciles à Rome, à Verceil, à Mayence, à Reims, pour condamner des erreurs, pour réformer les mœurs et la discipline. Dans l'intervalle de ces assemblées, Léon IX allait parfois au Mont Cassin se reposer des grandeurs et s'associer aux humbles exercices de la vie monacale.
Il entreprit de repousser les Normands qui ravageaient le midi de la péninsule italique ; mais ses troupes furent défaites, et il demeura lui-même prisonnier pendant un an. A la fin il gagna ses vainqueurs à Jésus-Christ : ils le reconduisirent à Capoue, non plus comme un captif, mais comme un père ; et de là il revint à Rome, où la mort ne tarda pas à le réclamer. Son agonie fut sublime. Le saint pontife se fit transporter dans l'église de Saint Pierre, et là, en présence de son cercueil qu'il avait ordonné d'y placer, il passa deux jours, tantôt exhortant les fidèles qui se pressaient autour de lui, tantôt prosterné devant l'autel et priant à haute voix :
« O Jésus, » disait-il, « ô bon Pasteur, je te recommande l'église que tu m'avais confiée. Entoure-la du rempart de ta protection ; repousse loin d'elle le schisme et l'hérésie. Ah ! daigne la défendre, toi qui as versé pour elle ton sang précieux ; et s'il est des hommes que j'aie liés ou excommuniés à tort en combattant pour la foi, absous-les, je t'en supplie, ô toi le clément et le miséricordieux ! » Puis, s'approchant de son tombeau : « Voyez, mes frères, » disait-il, « ce que c'est que la condition humaine : moi qui suis sorti presque du néant pour arriver au comble de la gloire d'ici-bas, me voici prêt à rentrer de nouveau dans le néant. J'ai vu changer en palais spacieux ma cellule de moine ; et maintenant, il faut m'enfermer dans l'étroit espace de cette tombe... O pierre ! sois bénie entre toutes les pierres, et béni soit celui qui t'a créée et qui a voulu que tu gardasses ma poussière. Sois-moi fidèle, ô pierre ! et, de même que Jésus-Christ a fondé son Église sur la pierre apostolique, puisses-tu ainsi garder fidèlement mes os jusqu'au jour du jugement, afin qu'à la venue du terrible juge tu puisses me rendre à ton créateur et au mien ! »
Vers l'aube, ceux qui veillaient le mourant crurent voir les saints apôtres Pierre et Paul qui s'entretenaient avec leur successeur en écrivant des paroles mystérieuses. L'ami du saint pontife, Hildebrand, qui allait bientôt devenir Grégoire VII, était là. Les dernières paroles de Léon IX furent pour lui confier l'administration de l'église romaine. Au moment où le pape expira, les cloches de Saint Pierre sonnèrent d'elles-mêmes.