Philippe, [7/02/2025 à 20:10]
« Richard Ferrand, pressenti au ConsCons…
Grand maître du réseau feutré, architecte de l’entre-soi, tailleur de combines en granite administratif, il n’a jamais eu besoin de forcer une porte : toutes se sont ouvertes devant lui avec la douceur huilée d’une loge bien tenue.
Il ne se bat pas, il glisse.
Il ne conquiert pas, il s’infiltre.
Il n’impose rien, il s’imbrique.
Sa trajectoire ?
Un modèle du genre.
D’abord socialiste, parce qu’il fallait bien commencer quelque part, il a su sentir le vent tourner et s’est recyclé macroniste avant même que l’ancien monde ait eu le temps de comprendre qu’il était foutu.
Ce n’est pas un homme de convictions, c’est un homme de synchronisation, un métronome de l’opportunisme, réglé à la milliseconde près.
Et puis, l’illumination : l’affaire des Mutuelles de Bretagne.
Un coup d’équerre parfait, un chef-d’œuvre d’optimisation patrimoniale cousu avec la finesse d’un sculpteur sur marbre budgétaire.
Un local ? Trouvé, comme par enchantement.
Un locataire ? Les Mutuelles qu’il dirige.
Un investisseur ? Sa compagne, via une SCI montée en silence.
Un financement ? Des fonds publics, parce qu’après tout, pourquoi s’en priver ?
Tout était idéalement disposé, un véritable tracé de compas juridique, un plan de loge économique d’une rigueur mathématique. Mais des esprits chagrins ont osé s’interroger.
On a cherché des angles morts, des aspérités, des failles.
Erreur : tout était si bien ficelé que la seule issue possible était la prescription.
Une œuvre d’art du calendrier judiciaire. Le crime parfait de l’initié : celui que le temps blanchit avant même que l’on songe à le punir.
Et aujourd’hui, place à l’ultime consécration :
la présidence du Conseil constitutionnel.
Là où l’on attendait un sage, on installe un concierge.
Là où l’on espérait un garant du droit, on place un notaire du consensus.
Là où l’on rêvait d’un Montesquieu, on reçoit un syndic de copropriété républicaine.
Désormais, chaque réforme passera sous son compas précis, sera mesurée au fil à plomb de la stagnation, rabotée, nivelée, ajustée pour ne surtout rien perturber.
Trop ambitieuse ? Bloquée.
Trop dérangeante ? Rejetée.
Trop nouvelle ? Jugée inconstitutionnelle avant même d’être écrite.
Le Conseil constitutionnel, sous sa houlette, ne sera plus un arbitre du droit, mais un temple du conservatisme progressiste, un sanctuaire de l’immobilisme actif, une antichambre où l’on embaume les réformes avant qu’elles n’aient eu le temps de respirer.
Et la République, soulagée, continuera son grand sommeil, sous la garde bienveillante de ses sages en cire, sous l’œil impavide de Ferrand, l’homme qui a su faire de la légalité un chef-d’œuvre de pérennité. »
Via Franck Poupart