24.04.202515:00
L'Église a réponse à tout, connaît le secret du monde et de la vie elle-même. A côté d'elle, toutes les autres réponses se révèlent insuffisantes et bornées - je ne dis pas cela par goût de la rhétorique, mais parce que c'est un fait réel et un réel dilemme. Où est l'Enfant Jésus dans le stoïcisme et le culte des ancêtres? Où est Notre-Dame des musulmans, la femme qui ne connaît point d'homme et règne sur les anges? Où est saint Michel des moines bouddhiques, héraut et chevalier, gardien en chaque soldat de l'honneur des armes? Qu'aurait fait saint Thomas de la mythologie brahmanique, lui qui a entrepris de rassembler toute la science, la rationalité et même le rationalisme du christianisme ? Si nous comparons l'Aquinate avec Aristote , l'autre pôle de la raison, nous aurons encore le sentiment d'un achèvement, Saint Thomas pouvait comprendre Aristote dans ses raisonnements les plus serrés ; il n'est pas sûr qu'Aristote aurait compris les passages mystiques de saint Thomas. Alors que nous hésitons à dire le chrétien plus grand, nous voyons bien que ses vues sont plus amples. Il en va de même si nous nous tournons vers les philosophies et les hérésies du monde moderne. [...]
Les théosophes construisent un panthéon et convoquent un parlement des religions afin de rapprocher les peuples : ils n'obtiennent qu'un rassemblement de cuistres. L'entreprise n'est pas nouvelle.Il y a deux mille ans, sur les rivages de la Méditerranée, un autre panthéon avait ouvert ses portes aux chrétiens, cordialement invités à dresser une statue de Jésus à côté des images de Jupiter, de Mithra, d'Osiris, d'Atis ou d'Ammon. Leur refus est un moment crucial de l'histoire. S'ils avaient accepté, c'en aurait été la fin. Ils auraient rejoint la formidable marmite où mijotaient déjà, au feu d'une corruption universelle, tant de mythes et de mystères. Ce fut une grande épreuve d'échapper à ce monstrueux chaudron. Nul ne peut comprendre le mystère de l'Église, nul n'est au diapason de la foi des premiers âges, s'il ne mesure que la tolérance sans limite et la fraternisation générale des religions mirent alors le monde au bord du gouffre.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
Les théosophes construisent un panthéon et convoquent un parlement des religions afin de rapprocher les peuples : ils n'obtiennent qu'un rassemblement de cuistres. L'entreprise n'est pas nouvelle.Il y a deux mille ans, sur les rivages de la Méditerranée, un autre panthéon avait ouvert ses portes aux chrétiens, cordialement invités à dresser une statue de Jésus à côté des images de Jupiter, de Mithra, d'Osiris, d'Atis ou d'Ammon. Leur refus est un moment crucial de l'histoire. S'ils avaient accepté, c'en aurait été la fin. Ils auraient rejoint la formidable marmite où mijotaient déjà, au feu d'une corruption universelle, tant de mythes et de mystères. Ce fut une grande épreuve d'échapper à ce monstrueux chaudron. Nul ne peut comprendre le mystère de l'Église, nul n'est au diapason de la foi des premiers âges, s'il ne mesure que la tolérance sans limite et la fraternisation générale des religions mirent alors le monde au bord du gouffre.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
22.04.202507:31
A Ville-Neuve, que les Romains nommaient Carthage, comme en Phénicie, le dieu qui faisait marcher les affaires s'appelait Moloch - le même, peut-être que nous trouvons ailleurs sous le nom de Baal, le Seigneur. Les Romains d'abord ne surent quel nom donner à ce dieu ni ce qu'ils devaient en penser ; il leur fallut remonter jusqu'au plus fruste de leurs anciens mythes pour y trouver une comparaison avec Saturne dévorant ses propres enfants. Mais les adorateurs de Moloch n'étaient ni frustes ni primitifs : parvenue à maturité, leur civilisation, beaucoup plus raffinée que celle des Romains, abondait en plaisirs délicats. Et Moloch n'était pas un mythe - son repas, du moins, n'était pas mythique : en effet, ces gens si raffinés se réunissaient pour appeler les bénédictions du ciel sur leur empire en jetant par centaines leurs petits enfants au feu. [...] Lorsqu'elle s'installa en Espagne. Rome se trouva prise entre les mâchoires d'une tenaille qui l'aurait broyée, s'il avait été dans sa nature d'être broyée - ce qu'elle fut pratiquement, le fait vaut d'être souligné. Sil n'y avait eu en jeu que les facteurs matériels, l'affaire se serait terminée comme les Carthaginois l'escomptaient manifestement. On reproche communément aux Romains d'avoir refusé de faire la paix, un instinct profond les avertissait que la paix était impossible avec de tels adversaires. Ce fut le meilleur paganisme qui l'emporta sur l'or de Carthage, ce fut le meilleur qui porta les lauriers romains. Si l'on considère les choses sur une très vaste échelle, le monde n'avait jamais rien vu d'aussi bon que l'empire qui sétendit de I'Écosse à l'Euphrate.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel


21.04.202500:01
Par I'affirmation fondamentale que l'homme est un animal politique, Aristote a confondu une fois pour toutes les anarchistes et autres adeptes de la vie naturelle. Platon a anticipé le réalisme catholique en lutte contre le nominalisme hérétique, en affirmant, notion essentielle, que les idées sont des réalités. Non content de leur attribuer une existence aussi réelle que la nôtre, Platon a parfois donné l'impression que les idées étaient plus réelles que les hommes, et que ceux-ci devaient, en cas de conflit, leur être sacrifiés. Si grand qu'il soit, sa conception d`un citoyen fait sur mesure pour la cité fait de lui le père de tous les idéologues, Aristote a mieux pressenti l'équilibre sacramentel qui combine la matière et l'esprit, il a su considérer à la fois la nature de l'homme et celle de la pensée : les yeux, pour lui, comptent autant que la lumière.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
02.04.202507:06
Le pays natal du Christ fut le seul endroit où Il se trouva sans abri. Plus étrangement encore, le mystère se vérifie dans I'histoire et le destin profanes de ce lieu consacré. Le lieu de l'Incarnation semble avoir été frappé au sceau des négations de l'Incarnation. Avant la venue du Christ, la région était gouvernée par ces juifs dont le haut monothéisme finit par se raidir et s'étrécir en un violent refus de l'Incarnation. Après la venue du Christ, elle fut gouvernée par ces musulmans qui interprétaient le monothéisme essentiellement comme un refus de l'Incarnation, tout accomplie qu'elle fut. Et entre les systèmes mosaique et musulman, qui insistaient sur une divinité sans corps avant et après le Christ, la région produisit une multitude de développements mystiques rivaux mais tous tendus vers la même représentation désincarnée. On oublie trop souvent que les monophysites, venus avant les musulmans, avaient fondamentalement le même caractère. Les hérésies se pressaient dans toutes les cités du Proche-Orient sur toutes les routes foulées par les apôtres, et toutes niaient bruyamment la doctrine de la double nature du Christ, paradoxe essentiel de l'Incarnation.
On sait que les monophysites étaient l'exact contraire des modernistes. Si les plus récents hérétiques sont des humanistes, et cherchent a simplifier l'Homme-Dieu en affirmant qu'll ne fut qu'homme, les hérétiques d'alors Le simplifiaient en affirmant qu'Il n'était que Dieu. Mais ces anciens mystiques portaient en leur cœur la même horreur que les musulmans : horreur ďun Dieu s'abaissant en devenant humain. Ils étaient, pour ainsi dire, des anti-humanistes. Ils voulaient bien croire qu'un dieu s'était montré au monde d'une façon ou d'une autre, comme un fantôme ; mais non qu'il avait été fait de l'argile du monde, comme un homme. Et ce qui est remarquable, c'est que les cris d'horreur suscités par la simple évocation d'un tel blasphème semblent avoir été plus furieux et sonores à proximité du lieu où il avait été prononcé.
II faudrait être un monstre pour demeurer insensible au spectacle du pauvre moderniste, de l'humaniste, du critique radical qui pleins de confiance s'en vont chercher les véritables origines du christianisme dans le pays d'origine du Christ. Ces chercheurs s'imaginent naturellement que plus ils approcheront des pierres de Jérusalem ou de I'herbe de Galilée, plus l'histoire leur semblera simple ; qu'au lieu où Jésus vécut sa vie humaine, Il apparaîtra logiquement plus humain qu'ailleurs ; que Son environnement naturel en somme fournira une explication naturelle. Si le critique s'occupait d'un roi ou d'un héros historique comme il y en tant, son raisonnement serait juste ; il faudrait aller chercher ces grands hommes chez eux, où ils déposèrent un instant l'épée, la couronne, et les terribles postures de l'histoire. Mais le critique s'occupe du déconcertant charpentier de Nazareth, et son raisonnement s'effondre. Il n'existe pas de tradition purement humaine d'un Jésus purement humain. Si les combats et les disputes des religions grecque et judaïque ont laissé la trace d'une tradition christologique, ce fut toujours celle d'un Jésus purement divin, et les traditionnalistes, en l'occurrence, étaient furieusement enclins à soutenir la pleine et exclusive divinité du Christ. Hors l'Eglise catholique et apostolique on ne trouve pas la moindre prétention à déclarer Sa pleine humanité. Et surtout, c'est là l'intérêt du paradoxe, l'Église catholique proclama cette humanité avec une force croissante à mesure que le souvenir du Christ quittait Son premier foyer humain. Comme l'Eglise marchait vers I'occident, elle emportait avec elle, dans une exaltation et une certitude sans cesse grandissantes, la chose humaine et corporelle qui avait été faite chaire à Bethléem ; ne laissant derrière elle qu'un fantôme pour les gnostiques, une idole dorée pour les hérétiques grecs, et pour les musulmans l'ombre évanescente d'un prophète.
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin
On sait que les monophysites étaient l'exact contraire des modernistes. Si les plus récents hérétiques sont des humanistes, et cherchent a simplifier l'Homme-Dieu en affirmant qu'll ne fut qu'homme, les hérétiques d'alors Le simplifiaient en affirmant qu'Il n'était que Dieu. Mais ces anciens mystiques portaient en leur cœur la même horreur que les musulmans : horreur ďun Dieu s'abaissant en devenant humain. Ils étaient, pour ainsi dire, des anti-humanistes. Ils voulaient bien croire qu'un dieu s'était montré au monde d'une façon ou d'une autre, comme un fantôme ; mais non qu'il avait été fait de l'argile du monde, comme un homme. Et ce qui est remarquable, c'est que les cris d'horreur suscités par la simple évocation d'un tel blasphème semblent avoir été plus furieux et sonores à proximité du lieu où il avait été prononcé.
II faudrait être un monstre pour demeurer insensible au spectacle du pauvre moderniste, de l'humaniste, du critique radical qui pleins de confiance s'en vont chercher les véritables origines du christianisme dans le pays d'origine du Christ. Ces chercheurs s'imaginent naturellement que plus ils approcheront des pierres de Jérusalem ou de I'herbe de Galilée, plus l'histoire leur semblera simple ; qu'au lieu où Jésus vécut sa vie humaine, Il apparaîtra logiquement plus humain qu'ailleurs ; que Son environnement naturel en somme fournira une explication naturelle. Si le critique s'occupait d'un roi ou d'un héros historique comme il y en tant, son raisonnement serait juste ; il faudrait aller chercher ces grands hommes chez eux, où ils déposèrent un instant l'épée, la couronne, et les terribles postures de l'histoire. Mais le critique s'occupe du déconcertant charpentier de Nazareth, et son raisonnement s'effondre. Il n'existe pas de tradition purement humaine d'un Jésus purement humain. Si les combats et les disputes des religions grecque et judaïque ont laissé la trace d'une tradition christologique, ce fut toujours celle d'un Jésus purement divin, et les traditionnalistes, en l'occurrence, étaient furieusement enclins à soutenir la pleine et exclusive divinité du Christ. Hors l'Eglise catholique et apostolique on ne trouve pas la moindre prétention à déclarer Sa pleine humanité. Et surtout, c'est là l'intérêt du paradoxe, l'Église catholique proclama cette humanité avec une force croissante à mesure que le souvenir du Christ quittait Son premier foyer humain. Comme l'Eglise marchait vers I'occident, elle emportait avec elle, dans une exaltation et une certitude sans cesse grandissantes, la chose humaine et corporelle qui avait été faite chaire à Bethléem ; ne laissant derrière elle qu'un fantôme pour les gnostiques, une idole dorée pour les hérétiques grecs, et pour les musulmans l'ombre évanescente d'un prophète.
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin


01.04.202508:59
Le mot eucharistie n'est qu'un symbole verbal, on pourrait presque dire un frêle masque verbal, posé sur une réalité si formidable que son affirmation et sa négation ont également paru assez blasphématoire pour que le monde en fût ébranlé deux mille ans.
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin


30.03.202514:57
Ces placides socialistes avaient néanmoins organisé la déportation de tous les enfants pauvres, quand ils se trouvèrent, à leur grand étonnement, confrontés à cette réalité incandescente qu'est la religion de l'Irlande. Les prêtres et les familles des fidèles, s'organisant dans une agitation furieuse, décrétèrent que la foi de leurs enfants serait perdue dans les foyers des étrangers hérétiques. Ils ne furent pas même satisfaits lorsque certains socialistes pleins de bonne volonté promirent de ne jamais parler de religion aux enfants. Et en examinant la chose calmement, je crois qu'ils eurent tout à fait raison. Ceux qui offrent ce genre de garanties n'ont jamais réfléchi à ce qu'est une religion. Ils entretiennent l'idée extraordinaire que la religion est un sujet. [...]
Mais la religion n'est ni plus ni moins que le monde qu'un homme habite.
G.k.Chesterton Impressions Irlandaises
Mais la religion n'est ni plus ni moins que le monde qu'un homme habite.
G.k.Chesterton Impressions Irlandaises


24.04.202515:00


22.04.202507:31


19.04.202500:00
Les turpitudes produites par l'inversion de l'imagination sont tellement ignobles qu'il n'y aurait pas grand mal à les nommer ici,bien qu'il soit préférable de ne pas en parler : tout est pur aux purs et peu de gens s'y reconnaîtraient. Signalons sans insister la persistance de certaines obsessions inhumaines dans la tradition de la magie noire,par exemple une haine mystique de l'idée d'enfance qui semble inhérente à son existence même. On comprend mieux la fureur populaire contre les sorcières si l'on se souvient que l'un des principaux méfaits qu'on leur imputait était de faire obstacle aux naissances. Les prophètes hébreux luttèrent sans cesse contre les retours d'une idolâtrie meurtrière d'enfants. Il est assez probable que cette abominable apostasie du Dieu d'Israël s'est produite plusieurs fois sous forme de meurtres rituels qui n'étaient pas le fait d'authentiques fidèles du judaïsme,bien entendu,mais de diabolistes isolés et irresponsables qui se trouvaient être juifs.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel


02.04.202507:06


01.04.202507:01
Nous assistons depuis peu à la dernière phase de la dissolution, où les petites sectes se divisent en mille petits, très petits philosophes. Chacun vit dans son propre cosmos, et il est plus difficile que jamais d'établir un accord entre chaque sage particulier échappé de chaque secte particulière échappée du corps originel de notre culture. Les rapports d'intellectuel à intellectuel exigeront peut-être à l'avenir la médiation prudente jadis nécessaire dans les rapports de faction à faction. Si la psychologie et la philosophie continuent de se diviser et de se subdiviser, chacun parlera bientôt une langue différente, et plus encore qu'au Moyen Age, nous aurons besoin d'une lingua communis.
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin


30.03.202507:01
L' esprit de famille est un chien qui suit la famille partout ; I'esprit oligarchique est un chat qui continue à hanter la maison vide. Je n'argumente pas contre l'aristocratie, si les Anglais choisissent de la préserver en Angleterre, je clarifie seulement les conditions sous lesquelles ils l'établissent ; et je les avertis qu'un peuple doué d'un fort esprit de famille ne I'établira sous aucune condition. L'aristocratie, telle qu'elle s'est épanouie en Angleterre depuis la Réforme, avec une gloire nationale et un succès commercial indubitables, est, par sa nature même, bâtie sur des foyers brisés et profanés. Elle a dû détruire une centaine de parentés sans fortune pour maintenir une famille. Elle a dû détruire une centaine de familles pour maintenir une classe.
G.k.Chesterton, Impressions Irlandaises
G.k.Chesterton, Impressions Irlandaises
23.04.202508:57
Perdez de vue cette grande vérité et vous aurez une vue faussée de l'histoire. Le pessimisme n'est pas la lassitude du mal, mais la lassitude du bien. Le désespoir ne consiste pas à se fatiguer de la souffrance, mais à se fatiguer de la joie. Une société commence à décliner lorsque, pour une raison ou une autre, rien de ce qui la fait vivre n'opère plus : elle ne profite plus ni de ce qui la nourrissait ni de ce qui la guerissait, et ses prières sont sans ferveur. [...]
Il arriva de fait que, de plus en plus immorale, la poésie mythologique versa dans l'insupportable. Vices grecs, vices orientaux, fantasmes des antiques atrocités des démons sémites, toutes les perversions peuplèrent I'imagination de la Rome décadente comme les mouches bourdonnent sur le fumier. La psychologie de cet effondrement est humaine et bien connue de ceux qui font l'effort de voir l'histoire de l'intérieur. On se lasse de tout. Il vient toujours une heure, à la fin de la journée, où l'enfant en a assez de 'faire semblant' et commence à tourmenter le chat. L'heure sonne de même à l'horloge des empires rassis, où I'homme ne se satisfait plus de sa mythologie, où il ne trouve plus de saveur à se persuader qu'un arbre est une belle fille et que la lune est descendue dans la couche d'un berger. Cette satiété produit partout le même effet : quelle que soit la drogue, on double la dose. L'homme cherche alors des péchés nouveaux et d'inédites obscénités afin d'exciter ses sens émoussés. Il se tourne vers les plus folles superstitions orientales pour tenter de ranimer ses nerfs fatigués, jusqu'à prendre le couteau des prêtres de Baal. A sa marche de somnambule, il cherche une issue dans le cauchemar.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
Il arriva de fait que, de plus en plus immorale, la poésie mythologique versa dans l'insupportable. Vices grecs, vices orientaux, fantasmes des antiques atrocités des démons sémites, toutes les perversions peuplèrent I'imagination de la Rome décadente comme les mouches bourdonnent sur le fumier. La psychologie de cet effondrement est humaine et bien connue de ceux qui font l'effort de voir l'histoire de l'intérieur. On se lasse de tout. Il vient toujours une heure, à la fin de la journée, où l'enfant en a assez de 'faire semblant' et commence à tourmenter le chat. L'heure sonne de même à l'horloge des empires rassis, où I'homme ne se satisfait plus de sa mythologie, où il ne trouve plus de saveur à se persuader qu'un arbre est une belle fille et que la lune est descendue dans la couche d'un berger. Cette satiété produit partout le même effet : quelle que soit la drogue, on double la dose. L'homme cherche alors des péchés nouveaux et d'inédites obscénités afin d'exciter ses sens émoussés. Il se tourne vers les plus folles superstitions orientales pour tenter de ranimer ses nerfs fatigués, jusqu'à prendre le couteau des prêtres de Baal. A sa marche de somnambule, il cherche une issue dans le cauchemar.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel


21.04.202523:36
Le matérialisme historique, selon lequel la morale et la politique sont des produits de l'économie, est une sottise qui consiste à confondre les conditions de la vie avec son objet propre [...] si vous ôtez de l'histoire humaine les explorations et les guerres de religions, qu'en reste-t-il ? L'histoire est façonnée par la volonté de l'homme. Purement économique, l'histoire cesserait d'être l'histoire. [...]
Il y a plus grave, que l'homme ne puisse pas vivre sans pain, n'implique pas qu'il vive seulement de pain. Ce n'est pas sa subsistance qui le préoccupe le plus, mais son existence. Pour une fois où il se représentera clairement ce que lui rapporte son travail et ce que lui coûte sa nourriture, il lui arrivera dix fois de se dire qu'il fait beau, que le monde est bizarre, que la vie vaut d'être vécue, que le mariage n'est pas toujours rose, que les enfants sont gentils mais que sa jeunesse était plus gaie, bref de méditer vaguement sur le mystère de la vie humaine.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
Il y a plus grave, que l'homme ne puisse pas vivre sans pain, n'implique pas qu'il vive seulement de pain. Ce n'est pas sa subsistance qui le préoccupe le plus, mais son existence. Pour une fois où il se représentera clairement ce que lui rapporte son travail et ce que lui coûte sa nourriture, il lui arrivera dix fois de se dire qu'il fait beau, que le monde est bizarre, que la vie vaut d'être vécue, que le mariage n'est pas toujours rose, que les enfants sont gentils mais que sa jeunesse était plus gaie, bref de méditer vaguement sur le mystère de la vie humaine.
G.K.Chesterton, L'Homme Eternel
04.04.202516:35


01.04.202520:28
La liste contient un intru du 1er avril 😁. Étant donné les reponses, ce canal se concentrera donc sur de l'apologetique Chrétienne plutôt que de l'histoire. Soit, cela me convient ! J'espère édifier ceux qui liront, et moi aussi par la même occasion. ✝️


31.03.202509:00
Il n'y a rien de plus pratique que l'idée nationale, car il y a énormément de choses nationales qui n'ont rien à voir avec la loi ou la politique. Un homme s'aperçoit qu'il vit en terre conquise qu'il aille au marché ou à l'église, ce qui lui arrive plus fréquemment que d'etre confronté à la loi ; et la récolte générale l'est a ses yeux beaucoup plus que les élections générales. Changez l'apparence du drapeau sur le toit et ce sera comme si vous aviez changé le soleil au milieu du ciel : les cheminées et les lampadaires même paraîtront différents. Pire, après un certain temps d'occupation, ils seront différents. De même qu'un homme a conscience d'évoluer dans un autre pays bien avant de comprendre qu'il est en territoire sauvage ; de même un gouvernement paraît étranger bien avant de paraître oppressif. Nul besoin d'ajouter l'agression à l'offense.
G.K.Chesterton, Impressions Irlandaises
G.K.Chesterton, Impressions Irlandaises


29.03.202522:00
Je ne sais pas dans quelle mesure I'Europe moderne menace de sombrer dans le bolchevisme ni dans quelle mesure cette supposée menace s'apparente seulement à un mouvement de panique du capitalisme mourant. Mais je sais que si ľon doit opposer une résistance honnête au vol pur et simple, la résistance de l'Irlande sera la plus honnête et probablement la plus importante. Il se peut que l'Israël international lance contre nous depuis l'Est une simplification démente de ľunité de I'Homme, de même que l'Islam a lancé contre nous depuis l'Orient une simplification démente de l'unité de Dieu. Si cest le cas,la propriété sera mieux défendue là où elle aura été mieux répartie. Le poste d'honneur sera occupé par ceux qui combattent en toute vérité pour leur propre pays. Si jamais nous devons faire face à une telle procession, ce seront les chars et les éléphants de la ploutocratie qui fuiront dans la déroute et la confusion quand les carrés de l'infanterie paysanne tiendront bon.
G.k.Chesterton, Impressions Irlandaises
G.k.Chesterton, Impressions Irlandaises


23.04.202508:57
21.04.202509:51
Apashe - Catch Me


03.04.202506:39
Dans notre devenir (personnel ou collectif) l'Esprit a toujours quelque chose de premier, le Fils vient en deuxième et le Père en troisième. Toute autre 'expérience', dans un ordre inversé - celui des trois 'ères' ou temps de l'histoire - est une tromperie mortifère. Il n'y a pas d'ère de I'Esprit à venir, nous sommes déja dedans depuis la Pentecôte. En revanche, nous ne sommes pas encore dans le temps du Fils, que le temps actuel prépare et qui viendra suite à la confrontation avec ce Fils apparaissant dans la gloire et jugeant les partisans de l'Impie. Ce temps sera celui du "royaume des Justes" ainsi qu'une préparation a la remise de ce Royaume au Père, c'est-à-dire en vue du temps ultime et troisième. Ce temps-là, ultime, sera celui du Père, et, près de lui, n'aura pas de fin. À cette fin sans fin, toute la création est appelée, explique saint Paul (Rm 8). La perspective de l'éternité éclaire tout.
Père Édouard-Marie Gallez, Le Christianisme face aux autres religions
Père Édouard-Marie Gallez, Le Christianisme face aux autres religions


01.04.202515:10
Un homme qui se fraie un chemin vers le catholicisme, à travers l'écheveau culturel des complexités modernes, doit penser avec plus d'acharnement qu'il ne l'a jamais fait. Il doit souvent affronter d'arides abstractions avec autant de rigueur que s'il étudiait les mathématiques. Il doit faire face aux aspects les plus plats et repoussants du devoir religieux, qui semble quelquefois la plus effroyable corvée du monde. Il doit découvrir tous les côtés par lesquels la religion paraît sordide, ou monotone, ou humiliante, ou pénible. Il doit éprouver toutes les séductions contraires du paganisme, assez du moins pour constater à quel point elles sont séduisantes. Mais par-dessus tout il doit penser, par-dessus tout il doit préserver son indépendance intellectuelle, par-dessus tout il doit employer sa raison. Il vaudrait mieux rejeter la foi que de l'accepter comme quelque chose de déraisonnable.
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin
G.K.Chesterton, La Chrétienté à Dublin
31.03.202507:19
Ceux-là voudraient que l'idée de nation, de sacrée, devienne secrète. D'une chose que chacun doit respecter ils veulent faire une chose qu'eux seuls pourraient comprendre. Le nationalisme est plus noble encore que le patriotisme, car le nationalisme suppose une loi des nations, il sous-entend qu'une nation est une chose normale, donc une chose parmi d'autres. Il ne peut exister de nations sans chrétienté, comme il ne peut exister de citoyens sans cité. En général, cette vérité est mieux comprise en Irlande qu'en Angleterre ; mais les Irlandais sont coupables d'éxageration ou de l'erreur inverse, et tendent quelquefois au culte de l'insularité complète. L'homme qui se défend comme Celte alors qu'il pourrait se défendre comme Irlandais commet une grave méprise. Car la première défense tournera autour de quelque hasardeuse question de tempérament ; tandis que la seconde aura la morale pour centre et pivot.
G.K.Chesterton, Impressions Irlandaises
G.K.Chesterton, Impressions Irlandaises


29.03.202507:15
Un certain esprit, un certain élément de la religion chrétienne, nécessaire et même noble parfois, quoique nécessitant toujours d'être rééquilibré par les aspects plus doux et plus généreux de la foi, reprit des forces tandis que le cadre de la scolastique se raidissait ou se brisait. La crainte du Seigneur, qui est le commencement de la sagesse, qui a donc sa place au commencement, et que l'on ressent dans les premières heures, les heures froides précédant l'aube de la civilisation ; la puissance qui, émergeant des étendues sauvages, chevauche la tempête et brise les dieux de pierre ; la puissance devant laquelle les nations orientales s'aplatissent comme un pavage ; la puissance devant laquelle les prophètes primitifs couraient, nus et hurlants, proclamant leur dieu et le fuyant tout à la fois ; la crainte qui est à juste titre enracinée dans le commencement de toute religion, vraie ou fausse ; la crainte du Seigneur, qui est le commencement de la sagesse, mais non sa fin.
G.k.Chesterton, Le Bœuf muet
G.k.Chesterton, Le Bœuf muet
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