9 Avril : Sainte Waltrude, abbesse de Mons (686)
Sainte Waltrude était sœur aînée de sainte Aldegonde, et, comme elle, fille du comte Walbert et de la princesse Bertille. Dès sa jeunesse, elle se montra si portée à la dévotion, qu'elle se séparait souvent de la société pour faire ses prières et pour assister aux divins offices : ce qui ne pouvait être que très agréables à ses parents, personnes d'une piété rare.
Lorsqu'elle fut en état de se marier, elle épousa par obéissance le comte Madelgaire, aussi appelé Vincent, un des principaux seigneurs de la cour de Dagobert Ier. Elle en eut quatre enfants, dont trois ont été illustre par leur sainteté.
Waltrude fut encouragée d'abord par saint Géry, ancien évêque de Cambrai, qui lui apparut en songe ; puis par un ange envoyé du ciel pour la consoler dans une persécution que le démon suscita contre elle ; elle abandonna entièrement le monde et, par le conseil de saint Guislin, qui était alors abbé de Celle-lès-Mons, elle fit bâtir une maison à l'écart, sur une montagne appelée depuis Châteaulieu (Castri locus), et où l'on voit à présent la grande ville de Mons, en Hainaut. Mais comme elle trouva cette maison plus grande et plus magnifique qu'elle ne le désirait et qu'elle l'avait ordonné, parce qu'elle voulait observer les règles de la pauvreté évangélique, elle n'y voulut pas demeurer ; et, la nuit même où elle en, sortit, le toit du bâtiment tomba à terre. C'est pourquoi celui à qui elle avait donné la charge de cet édifice en fit faire un autre moins somptueux et plus pauvre, avec un oratoire en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul. Lorsqu'il fut achevé, saint Waltrude reçut l'habit de religion et le voile sacré des mains de saint Aubert, évêque de Cambrai, et se retira pour y vivre seule et solitaire, et ne s'y occuper que de la contemplation des vérités éternelles.
Mais le démon, qui travaille perpétuellement à la perte des hommes, ne la laissa pas en repos. Tantôt il lui mettait devant les yeux les délices et les honneurs qu'elle avait abandonnés, et dont elle pouvait encore jouir si elle retournait dans le monde, d'autres fois, il lui représentait l'amour de son mari, l'affection de ses enfants, la douceur de la conversation de tant de personnes qu'elle avit autrefois fréquentées. D'autre fois encore, il lui faisait une peinture affreuse de la solitude afin de lui en donner du dégoût avec le désir de chercher compagnie hors de l'enceinte qu'elle s'était prescrite. Enfin, il lui apparut encore sous forme humaine et prit la hardiesse de la toucher de la main.
Mais notre Sainte sortit victorieuse et triomphante de toutes ces tentations, et, par l'oraison, le jeûne, les larmes, les macérations du corps et le signe de la croix, elle défit si bien cet ennemi, qu'il se retira toujours d'elle avec honte et confusion.
Après ces victoires, Dieu la reconnaissant digne de porter la qualité de maîtresse dans la conduite spirituelle, suscita des saintes femmes et des jeunes filles qui vinrent se mettre sous sa direction. Ainsi, elle assembla en peu de temps une communauté de servantes de Dieu, avec lesquelles elle vécut dans une grande humilité, patience, douceur, charité et ferveur d'esprit.
En effet, toute pauvre qu'elle était, elle ne laissait pas de trouver de quoi faire beaucoup de charités aux mendiants, aux malades et aux prisonniers ; et Dieu, pour seconder son zèle, a quelquefois multiplié l'argent entre les mains de celui qu'elle chargeait de la distribution de ses aumônes. Elle fit aussi d'autres miracles : car elle délivra un pauvre homme, qui l'invoqua dans sa misère, de la puissance d'un démon dont il était extrêmement maltraité, et elle le guérit ensuite d'une violente maladie qui le tourmentait. Deux enfants, déjà moribonds, lui ayant été présentés par leurs mères, elle leur rendit la santé par ses prières, son attouchement sacré et l'impression du signe de la croix.
Enfin, après une vie si sainte, Dieu l'appela au ciel pour lui en donner une éternelle ; ce qui arriva le 6 avril 686.