Bernard Legoux - 39-45 Les mensonges de juin 1940 - P292
On peut donc estimer le nombre de juifs de France morts du fait des nazis à 77 000, dont 22 000 de nationalité française et 55 000 étrangers ou apatrides. S. Klarsfeld estime le nombre de juifs présents en France en juin 1940 à 330 000, dont 165 000 Français et 165 000 étrangers et apatrides. Le taux de mortalité global a donc été de 23,3 %, dont 13,3 % pour les Français et 33,3% pour les étrangers et apatrides. On peut noter que R. Hilberg cite des chiffres nettement inférieurs :70 000 morts pour une population juive de 270 000 personnes (240).
Ce pourcentage de 23,3% est moins élevé que ceux des juifs morts dans tous les pays occupés par les Allemands, qui ont été d’environ 41% en Belgique(38,5% pour R.Hilberg,44,4% pour S.Poliakov),50% en Hongrie et plus de 80 % aux PaysBas, en Yougoslavie, en Grèce, en Tchécoslovaquie et en Pologne (240). Seul le Danemark, ayant conservé son roi et son gouvernement pendant l’occupation allemande, a réussi à sauver la plus grande partie de ses juifs, d’ailleurs en assez faible nombre: seuls 7% des 7000 juifs danois furent victimes des nazis. Dans une France totalement occupée, avec un gouvernement entièrement à la solde des Allemands, les pourcentages de juifs assassinés auraient été, de toute évidence, beaucoup plus proches de ceux des autres pays européens occupés. Même en ne prenant que les pourcentages les plus faibles observés, par exemple en Belgique, ce sont prés de 18 % de juifs supplémentaires, soit environ 60 000 personnes, qui seraient partis en déportation et y seraient morts en quasi totalité. Presque un doublement du nombre de victimes juives.
On ne peut qu’approuver Albert Chambon qui affirme : « Qui, aujourd’hui, oserait soutenir que, de préférence au gouvernement de Vichy, mieux aurait valu pour la France avoir un Gauleiter allemand, sous les ordres duquel l’extermination de la population juive aurait très certainement atteint les effroyables chiffres qu’elle a eue partout ailleurs » (47) ?