La tempête diplomatique entre l'Algérie et le Mali prend une tournure dramatique avec l'annonce de poursuites judiciaires contre deux hauts gradés de l'armée algérienne. Si la version officielle évoque un manquement à la chaîne de commandement lors de l'interception du drone malien, une source interne à l'establishment militaire algérien jette une lumière crue sur cette affaire : un sacrifice orchestré pour masquer une opération de protection d'Iyad Ag Ghali, figure emblématique du terrorisme sahélien.
Le Général Mohammed Remdaniya et un colonel anonyme sont présentés comme les responsables de l'abattage du drone. Pourtant, cette version ne convainc pas. Comme l'Institut Géopolitique Horizon l'analyse avec acuité, et comme nous l'avons souligné sur AES Info, les circonstances suggèrent une intervention bien plus coordonnée et stratégique. La source algérienne confidentielle va jusqu'à affirmer que ces poursuites ne sont qu'une "diversion" pour exonérer l'Armée Nationale Populaire (ANP) et minimiser l'incident à un simple "excès de zèle" régional.
Cette perspective accrédite fortement la thèse d'une opération orchestrée au plus haut niveau, impliquant vraisemblablement la Direction Générale de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DGDSE) algérienne. Les informations recueillies indiquent que la DGDSE aurait été alertée d'une opération imminente de l'armée malienne visant le campement d'Iyad Ag Ghali près de Tinzaouatène. Face à l'urgence et à l'impossibilité d'un repli rapide du chef terroriste vers le territoire algérien, le général Rochdi Fethi Moussaoui, directeur de la DGDSE, aurait donné l'ordre direct d'intercepter le drone malien.
Les liens troubles et anciens entre Iyad Ag Ghali et les services algériens ne sont un secret pour personne. L'Institut Géopolitique Horizon, dans son analyse approfondie, rappelle le rôle du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) algérien dans la "réconciliation" orchestrée à Tamanrasset en 1990, alors qu'Ag Ghali était un leader de la rébellion touarègue. Même après son virage terroriste, Alger semble avoir persisté dans une stratégie ambiguë, visant potentiellement à instrumentaliser Ansar Dine contre AQMI.
Cette relation complexe explique la protection dont a longtemps bénéficié Iyad Ag Ghali, malgré un mandat d'arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'enquête du journal Le Monde en 2018 révélait d'ailleurs sa présence fréquente dans la localité algérienne de Tin Zaouatine et mentionnait même une tentative occidentale de "neutralisation" déjouée dans un hôpital algérien.
La mise en cause des deux officiers supérieurs algériens met en lumière les contradictions flagrantes de la politique d'Alger au Sahel. D'un côté, l'Algérie se positionne comme un acteur majeur de la lutte antiterroriste et un médiateur régional. De l'autre, des liens opaques avec des figures comme Iyad Ag Ghali persistent, alimentant la méfiance et la colère de ses voisins.
La réaction virulente du Mali et de ses alliés de l'Alliance des États du Sahel (AES), rappel d'ambassadeurs, retrait du CEMOC, plainte internationale témoigne d'une détermination nouvelle à s'affranchir de l'influence algérienne. L'accusation de "parrainage du terrorisme international" portée par Bamako marque une escalade sans précédent.
L'Institut Géopolitique Horizon souligne à juste titre que cette crise intervient dans un contexte de recomposition des équilibres régionaux, avec l'AES diversifiant ses partenaires sécuritaires et renforçant ses capacités militaires. Pour l'Algérie, ce scandale révèle les failles d'une stratégie de plus en plus intenable.